Mon auberge espagnole
Il y a 8 ans bientôt, au début d’un cours de droit passionnant, le prof référant « ERASMUS » est venu nous parler de ce programme européen. Nous avions, si nous le souhaitions la possibilité de partir un an dans un pays de l’UE. Il n’a pas fallu 5 mn pour me convaincre !
Au départ, j’avais en tête l’Angleterre puis l’Espagne m’est apparue comme une bien meilleure destination : là bas, il fait chaud et on fait la fête tout le temps.
Après quelques tracasseries administratives et un bon coup de gueule dans un bureau de la direction, me voilà acceptée en tant qu’élève ERASMUS, destination « SANTIAGO DE COMPOSTELA »
Arrivée sur place, je me suis clairement demandée ce qu’il m’avait pris de faire cette énorme erreur même si je trouvais cette ville des plus charmantes. Je me sentais bien seule, mes amis, ma famille me manquait et je me rendais compte que vraiment, l’éducation nationale devait revoir son programme linguistique. Oui, parce savoir dire « ce tableau de Velasquez est une mise en abîme » est certes utile pour décrocher son bac mais inutilisable quand quelconque conversation avec les locaux. Et moi, ce qui m’aurait été utile de savoir dire au concierge de ma résidence universitaire, c’est « ma chasse d’eau ne marche pas »…
Une fois la chasse d’eau réparée, il a fallu faire connaissance avec ma « compañera de habitacion » parce que là bas, 90% des cités U ont des chambres doubles. J’ai imaginé le pire et puis, je l’ai vu arrivé, le jour précédent la rentrée. Elle était assez contente d’avoir une « francecita » avec elle même si elle a cru qu’il s’était foutu de sa gueule en me voyant rapport que je ressemble plus à une « alemana ».
Il nous a pas fallu plus de 5 mn pour nous apprivoiser et nous apprécier.
Si je me suis si bien intégrée, c’est grâce à elle. D’abord parce que nos longues conversations (elle est aussi bavarde que moi, et c’est peu dire) m’ont permis de progresser à une vitesse phénoménale dans la langue de Cervantès, ensuite parce qu’elle m’a présenté à tous ces amis, tous plus adorables, les uns que les autres.
J’ai aussi rencontré des amies françaises avec lesquelles je suis toujours en contact. Et cet été, je suis invitée à Atlanta pour le voyage de mon voisin de chambre américain.
Un an après mon retour, Klapisch a sorti son film. J’ai pleuré. Parce que c’était ma vie pendant un an qu’il avait filmé. Moi aussi, j’étais mal de partir, moi aussi mes profs de droit ne voulaient pas me faire cours en espagnol ( le galicien est langue officielle et est donc utilisée partout), et surtout la tristesse qu’on peut lire sur le visage de Duris sa dernière nuit dans les rues de Barcelone, on l’a ressent tous.
Pendant un an, vous vous créez une vie parallèle de celle que vous avez déjà tout en sachant que cette vie est limitée dans le temps, un an au maximum. Alors forcément on en profite à fond.
Avant de partir, on m’avait dit « tu pleureras en arrivant à St Jacques, et tu pleureras en partant ». Il n’avait pas tort. J’ai pleuré le premier soir, seule dans ma chambre universitaire, mais j’ai surtout pleuré le 24 juin en les laissant tous là bas, mes galiciens, américains, allemands, anglais…
Aujourd’hui, je ne peux pas passer plus d’une année sans aller en Espagne. Cet été, je suis retournée à St Jacques et cette semaine, j’ai reçu un mail d’une amie me demandant de l’accompagner à Barcelone. Vous connaissez ma réponse ?
Ps : effectivement, partout en Espagne, on fait la fête mais si un jour vous allez en Galice, n’oubliez pas votre parapluie. Limite, quand je vivais à Nantes, je trouvais que c’était sec à côté…Malgré tout, je vous conseille cette bretagne espagnole. C'est juste une région magnifique et trop méconnue.